Plusieurs milliers de miles à l’heure

Compte rendu

« Putain mais quel bordel. Continuez à tirer les gars, on va pas se faire abattre comme des chiens aujourd’hui ! Soyez forts ! Je vous rappelle que vous êtes des vétérans ! Alors rechargez vos flingues et… »

Buddy n’a pas la chance de connaître la fin de cette phrase. La vieille vient de se prendre une balle en pleine tête et elle s’effondre au sol, les mains serrées sur ses colts.

Les balles traversent les murs de la ferme, détruisant tout le pauvre mobilier présent. Les hommes ont à peine réussi à trouver refuge derrière des meubles ou sous des fenêtres. Ils tirent au milieu d’un brouillard de fumée, de poudre et de poussière, sans savoir s’ils parviennent réellement à toucher qui que ce soit. Le Kid fait mouche à chaque coup de Winchester, mais les ennemis sont si nombreux qu’à chaque type dessoudé deux nouveaux se pointent. Le mexicain essaie de se couvrir tout en gardant les soldats à distance et en cherchant un moyen de se tirer de cet enfer.

Pas le choix, il faut tenter une sortie. Dans la carriole, il y a toujours la Gatling. Ces enfoirés n’ont pas dû la sortir sinon le régiment aurait déjà été décimé. Buddy prend un reste de porte en guise de bouclier et gueule : « Je tente une sortie, couvrez-moi ».

Ted l’entend et le suit. C’est un gros rouquin, un immigré irlandais tout juste bon à boire de la bière. Buddy aurait préféré qu’il passe devant, mais ce gros sac s’est mis derrière lui et tire à 2 centimètres de son oreille. Au dehors, les balles perdues soulèvent des nuages de poussière. Buddy entend siffler de tous les côtés et il court aussi vite qu’il le peut jusqu’à la charrette renversée. A peine réussit-il à se jeter à l’intérieur que Ted se prend une bastos en plein bide. Il tombe à genoux en crachant du sang. Au même moment, on entend quelqu’un crier « Canon », une demi-seconde avant la déflagration. La ferme manque de s’effondrer, recouvrant les hommes de morceaux de charpente, de tuiles et de terre. La tronche coincée dans la charrette, le cul au dehors vibrant sous les balles, Buddy essaie tant bien que mal de sortir la Gatling et les munitions mais tout seul ça s’annonce coton. Au moment où un soldat s’apprête à lui faire un deuxième trou de balle, le Kid et le mexicain arrivent pour filer un coup de main. Buddy et le mexicain parviennent alors à sortir la mitrailleuse. Un deuxième coup de canon finit d’achever la bâtisse et les hommes qui s’y trouvaient. Buddy et le mexicain chargent alors la bande de cartouches. Les 10 canons commencent à tourner et, soudainement, c’est un déluge de balles qui s’abat sur les responsables du guet-apens. Buddy tire dans tous les sens, arrosant large, et il voit les soldats s’enfuir tant bien que mal dans la forêt adjacente. Certains types moins chanceux se font couper en deux par balles et s’effondrent au sol la gueule dans leurs tripes. Le feu s’arrête enfin, et la poussière retombe doucement sur le sol. Tout est devenu étrangement silencieux, si ce n’est les gémissements des blessés étendus au sol. Buddy, le mexicain et le Kid constatent qu’il ne reste plus qu’eux. Leur régiment a été décimé. Ils regardent dans la charrette afin de vérifier que le coffre est toujours là, sans trop d’espoir. Et effectivement, le coffre n’est plus là.

Il y a une semaine, le régiment était enfin en permission. Buddy, le Kid et le Mexicain jouaient au poker avec les autres soldats du fort. L’armée confédérée venait en effet de réaliser de belles avancées sur les territoires contestés, et l’ambiance était détendue. Les enfoirés de nordistes devaient tirer la gueule, et ça arrangeait tout le monde. Sur la table de poker, Buddy essayait de tricher comme à son habitude. Il y a quelques années, on lui avait laissé le choix : la corde ou l’armée. Il n’avait pas pris le temps d’hésiter et avait signé sans attendre les papiers de recrutement. Le Kid lui, il voulait voir du pays qu’il disait. Alors récupérer la ferme de son vieux pour passer son temps le cul sur une moissonneuse batteuse à vapeur, c’était pas pour lui. Quant au Mexicain, il n’avait pas prévu de se retrouver dans l’armée en franchissant la frontière. Mais malheureusement, le jour où il s’est fait chopper, c’était ça ou les champs de coton. C’est ainsi que cette fine équipe se retrouva au sein du 3éme régiment d’infanterie du Missouri sous le drapeau confédéré.

Ce jour-là, alors que Ted l’irlandais était en train de dire à Buddy qu’il ne pouvait pas avoir cinq as en main, ils se retrouvèrent convoqués dans le bureau du colonel Wilson. Le régiment de dix hommes et femmes se retrouva cinq minutes plus tard dans le bureau, les vêtements brossés et les barbes rasés.

Le colonel contemplait sa troupe derrière son bureau. A ses côtés, un vieil homme moustachu vêtu d’une grande veste se tenait assis. Sur sa poitrine, un insigne en étoile argenté brillait, entouré de ces mots : « TEXAS RANGERS ». Artemus Wilson informa alors le régiment que celui-ci allait être envoyé à Long Hill, au sud de Dodge city pour une mission de la plus haute importance : transporter le coffre contenant la paie des soldats et le confier au professeur Henri Carlton, un gratte papier de l’armée qui s’en chargerait ensuite. Pour cette mission de la plus haute importance, le régiment devra se faire passer pour des colons. Et par manque de budget, tout le matériel nécessaire sera composé d’une charrette, d’une Gatling et de deux chevaux de traits agonisants. Ted prend le coffre sous les insultes de la vieille qui aura passé la réunion à lécher les burnes du colonel. Buddy essaie de discuter avec le vieux ranger mais, fatigué par le voyage, ce dernier s’éclipse rapidement. Et c’est ainsi que le lendemain à l’aube la troupe grimpe dans la diligence et quitte le confort de la permission pour prendre la route en direction du Nord.

Ainsi, nous retrouvons notre trio à la suite de l’embuscade. Le coffre-fort rempli de billets a disparu, et tous les membres du régiment sont morts ou à l’agonie. Buddy, le Kid et le Mexicain font le tour des cadavres, achevant d’une balle les enfoirés de nordistes qui ont failli avoir leur peau. Buddy arrive à bricoler des courroies pour pouvoir transporter la mitrailleuse, et après avoir fait le plein de munitions, ils décident tous les trois de suivre la piste des hommes qui se sont enfuis dans la forêt. A l’aide d’une carte, Buddy arrive à déterminer plus ou moins le trajet emprunté. Alors qu’ils s’enfoncent de plus en plus dans la forêt, celle-ci se transforme peu à peu en marais, et bientôt ils pataugent au milieu d’une eau croupie, dans une odeur de charogne dégueulasse. Ils aperçoivent alors un poteau planté dans le sol. Des grigris et des animaux crevés y sont suspendus. Le Mexicain indique alors à ses camarades que c’est un truc de chaman indien, et qu’il faut bien faire gaffe parce que ça annonce rien de bon…

Le trio continue sa route, prudemment et discrètement. Ils croisent d’autres poteaux dans le même genre, qui semblent délimiter une zone dans laquelle ils s’enfoncent. Le mexicain commence à prendre pas mal d’avance et Buddy le perd momentanément de vue. Il sent alors sa main s’enfoncer dans quelque chose d’encore plus gluant que d’habitude. En regardant, il constate que son bras droit vient de traverser le torse d’un soldat. Buddy et le Kid regardent le corps qui semble avoir été éventré de l’intérieur, comme si une saloperie de bestiau était remonté dans sa jambe et lui avait fait exploser le torse. Le Mexicain, qui était parti plus en avant, s’arrête soudainement. Devant lui, l’un des soldats de l’embuscade se tient debout devant le marais, dos à lui. Ni une ni deux, le sabre à la main, le mexicain s’avance le plus discrètement possible. Mais au dernier moment, l’homme se retourne et il s’avère qu’il n’a plus rien d’humain. De sa gorge jusqu’aux couilles, une ouverture s’est faite, comme une énorme mâchoire remplie de dents acérées et de tentacules. La créature fonce sur le Mexicain qui essaie tant bien que mal de la sabrer. Heureusement, le Kid et Buddy arrivent à leur tour pour abattre cette créature des enfers. Alors que la mâchoire béante claque une dernière fois des dents sous les assauts des sabres, le trio constate qu’autour d’eux de nombreuses personnes se tiennent debout, sans vie apparente. Du milieu du marais surgit alors une énorme créature. Sur l’autre rive, un homme cri à l’aide en essayant de s’enfuir, mais trop tard. Un gigantesque tentacule le transperce et semble le dévorer de l’intérieur. Les trois soldats commencent alors à s’éloigner discrètement, mais l’abomination se tourne vers eux et commence à marcher dans leur direction. D’abord doucement, puis de plus en plus vite. Les hommes courent à travers le marais, embourbé par moment jusqu’au genou, alors que le monstre s’approche, entouré de ses sbires aux bouches béantes. Enfin, les trois hommes franchissent un piquet et la créature s’arrête net derrière eux. Ils comprennent alors que ces poteaux indiens ont pour vocation de garder les créatures à l’intérieur du Deadland.

Le trio sort finalement de la forêt et ils aperçoivent en contrebas un camp indien. S’approchant prudemment, ils constatent que ce camp est occupé par une soixantaine de guerriers. Ils voient des soldats du nord attachés nus à des poteaux, en attente d’être torturés. A côté des hommes, le coffre tant convoité est malmené par des peaux rouges tous plus baraqués les uns que les autres, qui essaient de l’ouvrir à grand de coup de rocher et de tomahawk. Un peu plus loin, il distingue un chaman âgé, sûrement celui qui a planté les piquets. Une sale race les chamans, Buddy se souvient qu’il avait eu affaire à l’un d’eux à une époque. Résultat, il s’était retrouvé envouté et avait fini par culbuter sa cousine. Jack Daniels qu’il s’appelait ce chaman, Buddy s’en souviendra toute sa vie. Le chaman indien parle avec un blanc, un type propre sur lui, chapeau melon et moustache bien taillée. Ils ont l’air de négocier le coffre. La discussion s’éternise et bientôt la nuit tombe. Les trois sudistes sont toujours planqués à l’orée du camp, et il décide de prendre des chevaux et le coffre pour s’enfuir. Mais il faut créer une diversion. Le mexicain s’occupe de foutre le feu à une tente. Il réussit si bien qu’une deuxième s’enflamme, puis une troisième. Les Indiens affolés courent dans tous les sens pour essayer d’éteindre l’incendie. Pendant ce temps, Buddy et le Kid se sont approchés du cheval de l’homme au chapeau melon. Il s’avère que c’est un gars de l’Union Company, la grande entreprise de chemin de fer du Nord. Dans les sacoches, ils prennent les plans de ce qui semble être une voie de chemin de fer censé traverser ce camp indien. Buddy parvient à attacher le coffre au cheval, mais en montant sur le canasson pour s’enfuir, celui-ci décide de faire la route en solo. Buddy est éjecté de la selle et le Mexicain s’enfuit à la poursuite du cheval. L’homme au chapeau melon aperçoit alors la scène et se met à gueuler, et tous les Indiens commencent à accourir. Le Kid surgit alors et attrape Buddy pour s’enfuir. Galopant le plus vite possible dans la plaine, Buddy et le Kid voient alors le cheval du Mexicain, debout sur ses pattes arrière, les yeux brillants, comme possédé. Le Mexicain est le cul à terre, et le Kid descend le canasson d’un coup de Winchester. Mais à trois sur un cheval, le rythme n’est pas bien rapide, et bientôt la bête n’est plus en mesure de courir. Réfugié derrière des pierres, le trio voit arriver une cinquantaine de peaux rouges prêts à les encercler. Buddy charge la Gatling et tire un feu de tous les diables. Les Indiens s’éparpillent, se dispersent, puis finissent par s’éloigner. Ça permettra de garder son scalp un peu plus longtemps. Tout en rengainant, les sudistes ont alors l’impression de voir le sol se mouvoir tout autour d’eux. Un sifflement de plus en plus fort se fait entendre, et bientôt les voilà entourés de crotales du désert. Il y en a tout un tapis grouillant à leur pieds, prêt à mordre à la moindre opportunité. Pas le choix, il faut sacrifier un peu de poudre et de gnôle pour enflammer ces saloperies. Le problème, c’est que les crotales ont chopé le cheval, et celui-ci s’effondre sur le flanc, empoisonné par les morsures. Buddy, le Kid et le Mexicain en profite alors pour s’en servir comme d’une malheureuse plateforme et ils sautent au-dessus des serpents. Ils s’enfuient sans morsure, toujours sur la trace du cheval fou qui tirait le coffre. Après une bonne trentaine de minutes de marche, éclairés seulement par la lune, dans le silence assourdissant du désert, ils arrivent à une nouvelle déception. La corde qui traînait le coffre gît au sol, nettement coupée. L’homme au chapeau melon a dû profiter de l’attaque des Indiens pour récupérer son cheval et le coffre. Cependant, le trio devine que les traces mènent à Long Hill, et en marchant un peu fort ils devraient y être au lever du soleil.

Epuisés, puant la boue, le sang et la transpiration, les trois hommes arrivent aux portes de la « ville ». C’est un petit bled fraîchement repris par l’armée confédérée. Les habitants les regardent avec un drôle d’air. Arrivés devant le saloon, Buddy se plonge la tête dans l’abreuvoir à chevaux pour se rafraîchir. Il bouscule au passage un bourgeois de passage qui en laisse presque échapper son monocle. Sa bonne femme plaque sa main sur sa bouche, tout en priant pour le salut de l’âme de ce pauvre pécheur. A l’intérieur du saloon, les poivrots de la nuit sont toujours attablés. Le pianiste fait sonner son piano désaccordé et les putes se refont une « beauté » pour la journée de boulot. En franchissant les portes battantes, le trio attire tous les regards, et ils s’avancent au comptoir dans un silence de mort. Buddy commande une bouteille de whisky et de quoi grailler pour lui et ses compagnons. Mais alors que le barman s’affaire, un gros lard rougeaud s’avance d’un air mauvais.

« Qu’est ce que vous cherchez ici étrangers ? On aime pas bien les nouvelles têtes dans le coin et les vôtres me reviennent pas, surtout celle du chicanos. Le shérif adjoint vient de vous poser une question alors vous feriez mieux de répondre rapidement. »

Si seulement ils avaient pu garder leurs uniformes, ils seraient moins emmerdés. Mais dans le saloon, il y a quand même quelques soldats confédérés, alors peut-être qu’ils vont pouvoir être crédible.

« On est les trois derniers membres du 3éme régiment d’infanterie du Missouri. On a été envoyé ici pour une mission de la plus haute importance par le colonel Artemus Wilson et on a pas le loisir de discuter de ça avec n’importe qui, encore moins dans un lieu aussi public. Si on est pas en uniforme c’est pour toutes ces raisons, mais croyez nous, la guerre on l’a connait, et c’est bien grâce à nous si vous êtes aujourd’hui si bien lotis sous le Dixie Flag. Pas vrai les gars ? »

En disant cela, Buddy s’est tourné vers les soldats attablés. Aussitôt, l’atmosphère se détend et en rappelant quelques souvenirs de vétérans, l‘authenticité des propos est rapidement vérifiée.

Tout en payant une nouvelle bouteille de whisky, le shérif adjoint s’excuse et salue le trio. La cacophonie habituelle reprend et les trois soldats en profitent pour poser quelques questions au barman. Ce dernier leur indique que des types de l’Union Company sont effectivement arrivés dans le coin récemment et qu’ils crèchent dans une grange vers l’église. Il leur dit aussi que Carlton, l’homme qui doit réceptionner le coffre, a pris une chambre dans l’hôtel Ladies Palace de l’autre côté de la rue, à côté du bureau du shérif.

« Invité du maire à ce qu’il parait. Soit disant que mon établissement est pas assez respectable à ce qu’il parait. Soit disant que mes filles refileraient la chaude pisse aux clients à ce qu’il parait. Des conneries tout ça. Mes filles elles refilent rien à personne, ici l’hygiène c’est sacré. Pas vrai Rosie ? »

Tandis que la fameuse Rosie en question hoche la tête tout en s’arrosant l’entrejambe de bourbon, le trio se concerte. Allez voir Carlton maintenant les mains vides, ça serait un coup à se faire fusiller. Il faut trouver la planque des mecs de l’Union et leur chourrer le coffre vite fait bien fait. Ils finissent leurs verres, leurs assiettes et sortent en saluant les soldats qui jouent au poker.

 Arrivés vers l’église, les trois hommes attendent patiemment que les civils rentrent pour écouter le sermon du pasteur. A peine les portes fermées, ils se mettent à tourner autour de l’église et remarquent un carré de terre fraîchement retourné. En grattant du bout de la chaussure, ils dégagent sans difficulté le coffre, à peine enterré dans le sol. Mais celui-ci est vide…

Ils observent alors les alentours. Ils entendent d’une oreille des bribes du sermon, surtout des extraits tels que « Repentez-vous mécréants ! », « Soyez damnés pour l’éternité ! » ou encore « Donnez à l’église si vous ne voulez pas aller en enfer ! »

Ils remarquent alors un cheval qu’ils connaissent bien, attaché devant une grange en contrebas. C’est le cheval sur lequel ils avaient attaché le coffre. Buddy, le Kid et le Mexicain descendent rapidement vers la grange et se préparent à entrer, les revolvers à la main. Mais ils sont interrompus par le shérif, accompagné de la milice locale, surtout des fermiers qui n’ont pas l’air bien à l’aise avec un fusil dans les mains.

« Hé là vous trois, éloignez vous de cette porte. Vous cherchez les problèmes ? »

Heureusement, le shérif adjoint se pointe à ce moment-là et permet de clarifier la situation. Le représentant de la loi dévisage les trois gus. Difficile d’être sûr que ce sont des soldats, mais en même temps plusieurs témoins vont dans ce sens.

« Ok je vais vous faire confiance. Suivez-moi, je vais montrer ce qu’on a trouvé là-dedans. »

Le shérif ouvre les portes de la grange, et les trois hommes restent sans voix. A l’intérieur, l’homme moustachu de l’Union Company, et probablement un de ses collègues, sont allongés sur le sol, descendus de deux balles chacun. Ils n’ont même pas eu le temps de riposter, un travail propre et rapide. Bien sûr, aucune trace du contenu du coffre.

« Je sais pas ce que vous comptiez trouvé, mais je peux vous assurer que rien n’a bougé depuis ce matin. L’un de mes gars à entendu les coups de feu à l’aube, le temps de sauter dans son froc et de prendre son chapeau il était à la grange. Il a croisé personne sur le chemin, pour sûr le gars qui a fait ça c’est un doué. On attend que le doc arrive pour regarder de plus près mais on trouvera pas grand-chose, y a bien des traces de bottes mais ça mène à rien. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ces gars étaient discrets, ça faisait ptêtre bien deux jours qu’ils étaient en ville mais ils ont quasiment pas bouger d’ici, ou surement que de nuit. »

Plus le choix maintenant, il va falloir rendre des comptes. Le Kid, le Mexicain et Buddy se décident à rendre visite à Henri Carlton

Ils pénètrent dans le Ladies Palace. L’établissement est splendide. La décoration est raffinée, plusieurs tableaux sont accrochés, et surtout l’éclairage est entièrement électrique. On se croirait des années dans le futur. Alors qu’ils restent estomaqués devant tant de luxe, le réceptionniste les interpelle.

« Bonjour Messieurs, vous souhaitez prendre une chambre ? La 14 vient justement de se libérer, avec lits et tout le confort. Nous avons également des chambres à l’heure à l’étage, je peux vous faire monter un peu de compagnie féminine si vous le souhaitez. Voir même masculine selon les goûts de chacun »

Il avait dit cette dernière phrase en fixant le Mexicain du coin de l’œil.

« On aurait besoin de voir M. Carlton, vous pourriez nous dire la chambre ? »

L’homme dévisageait les trois types devant lui. Ils ressemblaient à des clochards, c’était déjà un beau geste de ne pas les avoir foutus dehors quand ils ont franchi le pas de la porte.

« M. Carlton est dans la chambre 17, je vais monter lui indiquer votre présence. Attendez-moi ici. »

Alors que le réceptionniste se lève de son siège, le Mexicain se pointe d’un coup devant le comptoir. Buddy et le Kid le regardent froncer les sourcils, essayer de dire quelque chose, et finalement saisir le pauvre homme et le projeter à travers la vitre. Le bois et le verre éclatent, et le type atterrit brutalement au sol, la face raclant la terre. Il se retourne sur le dos et se met à beugler :

« Nan mais vous êtes des timbrés ou quoi ? Au vol, à l’agression, à moi ! »

Aussitôt, le trio constate une certaine agitation et ils voient le shérif se diriger dans leur direction, toujours accompagné de sa petite milice. Il faut agir vite. Ils grimpent les escaliers qui mènent au premier étage. Arrivés devant la porte de la chambre 17, ils toquent mais sans réponse. La porte est fermée à clé. Alors que Buddy essaye de forcer la serrure, ils entendent le shérif dans l’accueil.

« Dites donc vous trois, descendez de là sans faire de faux mouvements. J’savais bien que vous étiez pas nets, vous êtes pas là depuis deux heures que vous nous mettez le bordel. Allez venez sans faire d’histoires et on trouvera un arrangement. Si je dois monter la seule chose que vous allez rencontrez c’est mon flingue je vous préviens. »

Buddy à beau s’acharner, impossible d’ouvrir cette satanée porte. Les pas commencent à se faire entendre. Les trois hommes se ruent alors dans la chambre en face, la 14, celle qui venait d’être libérée. Ils franchissent la porte et la verrouille aussitôt.

Tout autour d’eux, ils constatent alors avec stupéfaction plusieurs dessins, des cartes, des fils reliant différents portraits et photographies. Ils reconnaissent des membres de leur régiment, le visage de Carlton, mais aussi une étrange sphère qui revient plusieurs fois, ainsi qu’un coffre. En fouillant un peu dans les tiroirs, Buddy découvre quelques bouts de papiers qui n’ont été partiellement brûlés. Sur l’en-tête, on peut lire : […]nkerton National Detec[…]ency. Aucun doute possible : Pinkerton National Detective Agency. Les enfoirés d’espions du Nord. Alors ces salauds sont venus jusqu’ici pour fouiner. C’est certain que ce sont eux qui ont dégommé les gars de l’Union Company, mais pourquoi ? Pour récupérer le pognon contenu dans le coffre ? Les Pinkerton ne manquent pourtant sûrement pas de pognon. Est-ce qu’il cherchait autre chose ? Sur la feuille, Buddy voit également la date du jour et un horaire, ainsi que l’emplacement de la gare. C’est sûr, il va falloir mettre la main sur ces gars avant le départ du train.

Tandis que Buddy reste pensif devant son bout de papier, le Kid et le Mexicain s’approchent de la fenêtre. Ils entendent le shérif dans le couloir qui essaie d’ouvrir plusieurs portes. En passant par le petit balcon puis par le toit, il y a sûrement moyen de se retrouver dans la chambre de Carlton. Le trio escalade rapidement et parvient sans bruit à redescendre sur le balcon de la chambre 17. La porte fenêtre n’est pas verrouillée, et ils en profitent pour entrer. A l’intérieur, pas de Carlton. Des feuilles sont éparpillées partout, les chaises ont été renversées et le lit est défait. A coup sûr, Carlton s’est fait prendre par les Pink, mais dans quel but. Après tout, ce n’est qu’un gratte papier.

Mais, en y regardant de plus près, Carlton était tout sauf un gratte papier. Les trois hommes constatent que sur les documents il n’est pas question de livres de comptes, mais plutôt de schémas techniques complexes. On dirait plutôt le cabinet d’un savant. Buddy trouve alors un plan. C’est un dessin d’une sphère, comme celle qu’il a vu dans la chambre précédente, mais beaucoup plus détaillé. Et en y regardant de plus près, on se rend compte que les dimensions de la sphère correspondent presque exactement aux dimensions intérieures du coffre.

« Fucking shit »

Il n’a jamais été question de payer les soldats qui se font descendre sur le front. Le seul objectif qu’ils avaient c’était de remettre une fucking ball à Carlton ! Mais à quoi ça sert putain, c’est pas ça qui va leur faire gagner la guerre.

Rien ne sert de s’éterniser ici. Les sudistes sortent discrètement de la chambre et parviennent à rejoindre la rue derrière l’hôtel, sans se faire attraper par le shérif. Ils détachent des chevaux en se dirigeant vers la gare afin de les avoir à proximité en cas de course poursuite, et ils décident d’attendre le train de cet après-midi afin de voir si les Pinkerton se pointent.

Buddy et le Mexicain se trouvent un coin peinard à l’ombre sur le quai et s’endorment sans demander leur reste. Presque trente heures sans dormir, ça commence à piquer. Le Kid maintient plus ou moins une sorte de demi-sommeil mais il reste suffisamment attentif pour constater l’arrivée de cinq bonhommes deux minutes avant l’arrivée du train. Quatre types, bien habillés, plaque dorée sur le torse et colt en évidence s’avancent, encadrant un cinquième bonhomme, l’air fatigué et assez mécontent d’être là. Le Kid n’a aucun doute, il s’agit bien des détectives. Et il reconnaît également la tête de Carlton. Tout en restant suffisamment discret, il arrive à croiser le regard de ce dernier pour essayer de lui faire passer un message. Carlton finit par comprendre ce que le gamin a l’air de vouloir et il montre d’un signe de tête l’un des Pinkerton qui tient un sac de toile de forme arrondi.

Alors que les détectives se sont avancés et que le bruit de la locomotive commence à se faire entendre au loin, le Kid se déplace de manière à se retrouver dans le dos de l’un des agents. A ce moment-là, Buddy et le Mexicain se réveillent. Tout se passe en une poignée de secondes. L’un des Pinkerton fixe Buddy d’un air mauvais, mais alors qu’il s’apprête à parler, le Kid lui plante son couteau dans le dos. Les trois autres se tournent et dégainent. Buddy et le Mexicain sortent leurs colts et commencent à tirer. Le shérif et sa milice arrivent pile à ce moment-là et commencent aussi à tirer dans le tas. Dans un désordre total, tout le monde commence à tirer dans tous les sens. Les passants effrayés se réfugient dans le train ou derrière des tonneaux. Carlton profite de la confusion pour récupérer la sphère tombée au sol et il s’enfuit en courant en direction des chevaux. Le Kid, le Mexicain, Buddy, les Pinkerton, le shérif et la milice court dans sa direction tout en échangeant des coups de feu. Carlton bondit sur un cheval et s’enfuit au galop. Il sort de la ville et continue sa course vers le nord. Le Kid le poursuit. Buddy et le Mexicain arrivent vers le dernier cheval, la moitié de la population à leurs trousses.

Buddy regarde le Mexicain et dit : « Faut que l’un de nous reste ici pour laisser une marge au Kid, tu prends la Gatling ? »

Ce dernier le regarde une demi-seconde, saisit d’un coup la bride du cheval et dit : « No comprendo mi amigo, good luck »

Il saute sur la selle et part à la poursuite du Kid. Buddy vient de se faire avoir en beauté. Il prend la Gatling, charge sa dernière bande de munitions et fait face à la meute lui fonçant dessus.

« Allez tous vous faire foutre ! »

Les canons se mettent à tourner et une gerbe de feu s’en échappe. Tout en gueulant, Buddy arrose au plus large. Les miliciens essayent de s’abriter tant bien que mal tout en tirant à l’aveugle. Deux hommes dont un Pinkerton sont découpés par la puissance de feu. Mais les deux détectives restants parviennent à récupérer des chevaux et s’enfuient. Buddy essuie alors quelques tirs. Certaines balles font mouche, et il finit par s’effondrer au sol, agonisant. Le canon brûlant de la Gatling tombe à terre. Du sang coule de la bouche du soldat. Des miliciens s’approchent. Il n’est pas mort, mais ce n’est qu’une question de minutes. Ils prennent leurs chevaux et partent vers le Nord. Le calme retombe alors que la poussière est chassée par le vent. Buddy se redresse tant bien que mal, marche en boitant vers le saloon et s’installe au comptoir. Il prend un verre de whisky, le boit cul sec et s’effondre au sol, raide mort.

Pendant ce temps, Carlton galopait, suivi de près par le Kid et le Mexicain. Ce dernier, voulant stopper la course du professeur, fait feu. Mais, alors qu’il visait le cheval, la balle traverse la gorge de Carlton qui s’effondre. Le Kid s’avance vers lui, et dans un râle de sang Carlton lui tend la sphère tout en lui désignant une direction. Le Mexicain arrive à ce moment-là, mais trop tard. Carlton vient de rendre son dernier soupir. Au loin, la Gatling vient de s’arrêter. Le Kid et le Mexicain remontent en selle et tracent la route jusqu’au lieu désigné par Carlton. Il s’agit d’une sorte de wagon de train qui semble abandonné. En entrant, ils constatent que le wagon est bourré de machines, de câbles électriques, de tableaux de contrôle bourrés de leviers et de boutons. Ils tâtonnent tant bien que mal pour essayer de comprendre, et finalement le Mexicain arrive à placer la sphère dans son emplacement et, par un heureux hasard, à déclencher le bon levier. Au même moment, les deux Pinkerton surgissent à l’intérieur du wagon. Alors que tout le monde tend son bras, prêt à tirer, les machines à l’intérieur du wagon s’activent, faisant un bruit de tous les diables. Les lumières clignotent, des bips retentissent et la terre tremble.

Trois miliciens arrivent à ce moment-là vers le wagon. Des flashs de lumières se font à l’extérieur, et alors que l’un d’eux met la main sur le wagon, celui-ci disparaît. Les deux miliciens restants restent bouche bée devant ce spectacle. Mais le plus surpris est le pauvre homme accroché à la porte, qui se trouve alors suspendu dans le vide en pleine forêt tropicale. Le wagon est suspendu en équilibre précaire sur un énorme arbre. Une pluie torrentielle s’abat. Les quatre hommes à l’intérieur du wagon se relèvent et aperçoivent à l’extérieur ce paysage surnaturel.

« Mais qu’est-ce que vous avez foutu bon dieu, arrêtez de toucher à n’importe quoi, laissez-nous faire ! »

Le Pinkerton qui vient de dire ça essaie alors de s’avancer, mais le Kid et le Mexicain ne le laisse pas approcher et commence à faire feu. Le Mexicain essaie en même temps de triturer quelques leviers et boutons. A l’extérieur, le milicien arrive à ouvrir la porte et essaye tant bien que mal de se hisser à l’intérieur du wagon.

Mais à nouveau, l’étrange machine recommence à produire des étincelles. Les bobines s’électrisent, les cheveux des uns et des autres se dressent sur leurs têtes, le bruit se fait assourdissant. Et le wagon disparaît à nouveau.

« Arrrglglgl »

Le wagon vient de réapparaître sous une eau glaciale, en pleine arctique. Le milicien lâche la poignée de la porte. L’eau s’est engouffrée dans tous les wagons, il n’y a plus d’air. Un Pinkerton essaie de faire feu sur le Kid mais rien ne sort de son arme. Le Mexicain essaie tant bien que mal de tirer des leviers, de pousser sur des boutons, de taper sur les machines avec son Colt mais rien n’y fait. Dans un dernier regard, le Kid et le Mexicain comprennent qu’il est trop tard. Ils ouvrent chacun la bouche, aspirant une grande gorgée d’eau glacée, et sombrent avec le wagon dans les profondeurs de l’océan.

Dans la ville de San Antonio, une grande réception a lieu. Toutes les familles les plus riches sont présentes, et même le président des Etats confédérés du Sud, le General Lee est là. Tous attendent avec impatience la démonstration de l’incroyable machine de transport qui va révolutionner le monde. Au milieu de la salle, un immense carré est sous le feu des projecteurs. Tout le monde à l’œil sur sa montre, car dans seulement quelques secondes, le grand professeur Henri Carlton sera là pour présenter sa brillante invention.

Anecdotes:

Flipdog (Buddy): Chui moche mais chui pas con. Comme dans la vraie vie. Moi qui fais du jdr pour m’échapper…
***
Thex (Mj frénétique): Ca tire dans tous les coins qu’est-ce que tu fais !? ! TROOOOOP TAAAARD T’ES MORT ! T’ES MORT ! T’ES MORT ! T’ES MORT ! T’ES MOOOOOORT !
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Flipdog (Buddy): C’est quoi ces monstres dégueulasses ?!? Attends, l’autre perso dispo pour le scénar avait connaissance de l’occulte. Je peux changer ?
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Thex (Mj): Le type a le ventre explosé. On dirait qu’on lui a éclaté le bide de l’intérieur. Tu peux faire un jet en médecine pour essayer d’en savoir plus.
Flipdog (Buddy): Comme compétence j’ai « tripes ». Du coup ça doit pouvoir le faire non ?
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Flipdog (Buddy): Si on faisait une diversion ?
Seb (Le Mexicain): J’ai des allumettes.
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Pnj prostituées infâmes (Thex): Salut les voyageeeeurs…
Buddy (Flipdog): Salut m’man !
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Pnj patron de l’hôtel (Thex): Puis je vous demander pourquoi vous souhaitez voir mon client ?
Buddy (Flipdog): Non.
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Le sheriff et ses hommes montent vers les Pj qui attendent que Buddy ouvre enfin la porte de la chambre 17. Il essaie mais sans succès.
Seb (Le Mexicain): Viens on s’tire, on va dans la 14.
The kid (Makashi): Ouais on fonce on n’a plus le temps !
Buddy (Flipdog): Mais revenez bande de fumiers ! Je vais y arriver je vous dis ! Mais… Mais… Mais me laissez pas !
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Makashi (The Kid): Mais en fait tu viens de tuer le professeur Carlton. C’est le gars qu’on devait trouver ! Et comment on va utiliser la machine !
Le Mexicain (Seb): Si ce con s’était pas enfui, je l’aurais pas buté.
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Flipdog (Buddy): Comment ça une réception à San Antonio ? Tu veux dire qu’il y a des mecs hyper importants qui sont en train d’attendre qu’on se pointe avec la machine qui se téléporte ? Ils vont attendre longtemps les cons. C’était qui ces gens ?
Thex (Mj): Le général Lee.
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Flipdog (Buddy): Mon meilleur jet de la soirée c’est celui que j’ai fait pour fabriquer le sac pour la gatling.
Makashi (The kid): Non, t’en as fait un vachement mieux pour aller boire un dernier verre avant de mourir.
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Thex (Mj): J’y crois pas vous avez tous crevé…

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