Les Profondeurs d’Équinoxe
Tout commence dans les entrailles sombres de la station.
Dorn suit deux silhouettes suspectes dans une ruelle noyée de vapeur… jusqu’à ce qu’elles se retournent. Deux éclairs d’énergie : des dagues neurales frappent à une vitesse inhumaine. Le choc est brutal, les lumières vacillent. Dorn s’effondre, inconscient.
Pendant ce temps, au-dessus, Koreen poursuit son spectacle à la Sardine qui Chante. Sa voix résonne dans la fumée et le bruit des verres, tandis que le barman observe la foule avec un appétit malsain.
Barrett, méfiant, quitte la salle. Il suit un homme blessé, celui à la base de données de l’Union, s’enfonce dans les bas-fonds d’Équinoxe : escaliers rouillés, néons mourants, prostituées mutantes, cris dans l’obscurité. L’air sent la rouille et le sang.
Han et Nalaar, eux, infiltrent les systèmes sous couverture de techniciens.
Nalaar pirate les terminaux ; Han détourne deux Veilleurs, leur parlant de son « ami disparu » avant de les envoyer voir « la grande Koreen Show » — juste pour gagner du temps.
Dorn revient à lui dans les ténèbres.
Suspendu par les pieds, nu, enchaîné, un bandeau de verre sur les yeux.
Des outils de torture luisent dans la pénombre. Deux agents du Prisme, accompagné d’un prêtre du Trident et d’une femme agent du Neptune, Visiblement ils collaborent. Ils veulent lui ouvrir l’esprit. Dorn résiste. Alors, ils déclenchent la décharge.
Le flux Polaris s’embrase.
Une onde de chaleur, un hurlement. Métal fondu, chairs calcinées, chaînes réduites en poussière. Quand Dorn rouvre les yeux, tout autour de lui n’est que ruine et cendre. Les deux tortionnaires sont morts ; l’agent et le prêtre ont survécu de justesse, enfermés dans une bulle de protection. Dorn, brûlé, sans un poil ni un vêtement, ramasse un cœur mécanique encore tiède dans les débris — relique des agents augmentés du Prisme — avant de s’enfoncer dans les bas niveaux.
Au-dessus, tout dégénère.
Koreen dédicace son morceau aux veilleurs qui viennent d’arriver sous les conseil de Han ; la salle, plein de trafiquants, explose en violence. Les Veilleurs interviennent, la bagarre tourne au chaos. Verres, tables et sang volent dans tous les sens.
Barrett, lui, poursuit son homme blessé jusqu’à un taudis, mais se fait repérer. Des ombres se détachent pour le pourchasser ; il s’en tire de justesse grâce à l’intervention fortuite de deux Veilleurs.
Han et Nalaar réussissent à extraire des images de surveillance :
Erran, le chef du groupe Echo 67, a envoyé un message la veille. Trois personnes ont pu le lire. Puis le fichier a été effacé. Nalaar laisse un signal à Echo 67 : “On vous a vu.”
Dans les tréfonds, Dorn tente de se soigner… et déclenche accidentellement une sphère gravitationnelle qui aspire tout autour de lui : gravats, outils, un clochard hurle avant d’être plaqué contre lui. Pris au piège, Dorn finit enfermé dans un casier métallique sous des tonnes de débris.
Les clochards reviennent avec un mutant énorme — mais un tentacule monstrueux surgit des ombres et massacre tout le monde. Dorn s’en sort de justesse, couvert de suie, s’habille d’un pantalon volé et promet une récompense à un survivant s’il le ramène à ses compagnons.
À la Sardine qui Chante, l’équipe se reforme. Barrett découvre un micro-espion. Le barman chuchote qu’un mutant sans inhibiteur rôde — et que le Trident paie bien pour ce genre d’informations.
Mais le groupe reste uni : personne ne trahit Dorn.
À l’aube, Barrett parvient à soigner Dorn. Nalaar lui montre les images : il reconnaît un de ses tortionnaires — un agent du Prisme. L’équipe retourne vers l’habitat repéré la veille par Barrett. Vide.
Koreen attire la foule dans la rue par son chant pendant que Dorn et Han surveillent. Barrett repère le propriétaire du taudis : les trois hommes le coincent et le passent à tabac. L’homme crache une info :
“Bloc 23-8.”
Sur place, les Veilleurs ont déjà bouclé le secteur. Trois cadavres : les agents d’Echo 67. Seul Erran manque.
Dorn aperçoit des silhouettes les observant de l’autre côté de la rue.
Il y va, suivi de Han.
Mais la rencontre vire au carnage : les cinq hommes dégainent instantanément. Dorn en foudroie un d’un éclair, avant d’être criblé de balles. Han riposte, maladroit, avant de s’écrouler à son tour.
Les deux tombent ensemble, gisant dans une mare rouge.
Profitant du chaos, Nalaar pirate la porte.
À l’intérieur, sur les murs, les agents d’Echo ont tracé leur dernier message — un code dessiné dans leur propre sang.
Les Veilleurs “pacifient” la zone.
Les ennemis étaient encore des agents du Prisme.
Et dans les profondeurs d’Équinoxe, la guerre secrète entre l’Union, le Trident et l’Hégémonie vient de s’embraser.
Résurrection – “L’écho du flux”
Il n’y a d’abord que le vide.
Un silence froid, sans lumière, sans repère.
Puis des éclats de voix, des images, des souvenirs brisés : une ruelle, une dague, la douleur brûlante, Han qui tombe, et ce dernier instant figé dans le sang et la lumière du flux.
Quelque part, très loin au-dessus, des capteurs s’allument.
Un cœur bat. Un souffle artificiel traverse des poumons cultivés en cuve.
Des ondes électriques réactivent des synapses.
Et Dorn… Dorn respire à nouveau.
Sa première inspiration est une noyade.
Il hurle, avale l’eau de la cuve, frappe contre le verre.
Une voix calme, féminine, répond :
“Sujet 47-D. Clonage réussi à 98,6 %. Restauration mnésique en cours.”
L’eau s’évacue.
Dorn chute, nu, tremblant, sur le sol métallique du laboratoire. Autour de lui, les ombres de l’Union Méditerranéenne s’agitent en silence : des scientifiques, des agents en combinaison, des techniciens armés.
Un officier s’approche, un insigne de l’A.E.A. sur l’épaule.
“Agent Dorn… vous êtes revenu d’entre les morts.
Nous avons reconstruit ce que nous pouvions.
Vos souvenirs s’arrêtent au Bloc 23-8. Vos blessures étaient… terminales.
Mais votre esprit… votre flux… a laissé une trace. Nous l’avons captée.”
Il sent le flux couler à nouveau dans ses veines, mais il n’est plus le même.
Le courant est plus froid.
Le murmure du Polaris résonne dans sa tête, teinté d’échos étrangers : fragments de données, voix qui ne sont pas les siennes.
Il comprend — il n’est pas un ressuscité. Il est une copie.
Des flashs l’assaillent : les tortures, le cœur mécanique, les visages de ses amis.
Han qui meurt à ses côtés. Nalaar hurlant à travers la radio. Barrett couvert de sang. Koreen qui chante dans le chaos.
Et cette certitude glaciale : quelque chose, ou quelqu’un, a enregistré son esprit dans le flux.
L’officier continue, implacable :
“Vous appartenez à l’Union, Dorn.
Vous avez été recréé pour achever ce que vous aviez commencé.
L’Hégémonie ne doit jamais obtenir ce qu’elle cherche sur Équinoxe.
Vous êtes leur ombre. Leur erreur. Leur rappel que rien ne meurt jamais sous les mers.”
Un uniforme lui est tendu.
Le symbole de l’Union brille sur l’épaule — et sous la peau, un tatouage luminescent pulse à chaque battement de cœur. Une balise, un sceau, un rappel de propriété.
Il ferme les yeux.
Le flux répond, vibrant, indocile.
Dans son esprit, un murmure ancien gronde : “Tu n’es pas né. Tu as été reconstitué. Mais ta colère, elle, est bien réelle.”
Alors Dorn se redresse, nu, ruisselant, les yeux emplis d’une lueur bleutée.
Son regard traverse le miroir du laboratoire et se fixe sur son propre reflet :
un spectre revenu du fond des abysses, reconstruit pour tuer à nouveau.
Il jette un dernier regard sur cet chose qu’il n’était pas sensé voir. Cet artefact qui a retrouvé son esprit dans le flux pour le ramener à lui. L’Union a réussi à la faire fonctionner. Enorme sphère flottante, dorée, forgée dans un métal inconnu, avec une technique inconnue, le chant du congre semble palpiter une dernière fois comme pour lui dire au revoir.
“Envoyez-moi au front.”

