Comme Sergent s’y attendait, la traversée du tunnel s’est faite dans une souffrance sans nom. A l’intérieur, les murs suintaient et grouillaient de bestioles. Sur tous ceux qui entrèrent, seul Sergent, La Buse et l’Amiral parvinrent à sortir. De l’extérieur, ils entendaient encore le bruit des hommes se faire mastiquer par un ver gigantesque… Sergent était à peu près sûr d’avoir vu Cartman parvenir à se planquer, mais dans l’obscurité et la panique il ne pouvait le confirmer.
Le groupe se mit en marche et enfin ils arrivèrent à l’Oasis. C’était un aérodrome désaffecté. A côté, un magasin de bricolage dans lequel la nature avait depuis longtemps repris ses droits. Et un peu plus loin devant eux, Trou de Terre et sa sœur, qui semblait les attendre.
A l’arrivée des hommes, la sœur de Trou de Terre retourne dans la forêt, laissant son frère avec les trois rescapés du tunnel.
Ils décident de faire un tour dans le magasin de bricolage afin de récupérer un peu d’équipement ainsi que des tenues d’apiculteur. Face à des frelons de 70 centimètres ça ne sert à rien, mais psychologiquement ça fait du bien.
Ils se dirigent alors vers l’aérodrome. Dans un hangar, ils trouvent un avion dans un état plutôt correct. En fouillant un peu, le groupe parvient à récupérer les pièces nécessaires pour finir les réparations. Ils allument également un groupe électrogène qui fait un raffut de tous les diables afin de récupérer des notices de montage sur l’ordinateur. Au milieu d’une collection incroyable de films de cul, ils parviennent à récupérer des informations, notamment sur un lieu de stockage de produits chimiques. C’est à proximité de la Décharge, et l’autoroute est à côté.
L’avion étant équipé de pulvérisateurs fait maison sur les ailes, ils se disent que s’ils parviennent à faire décoller cette guimbarde volante ils auront peut-être leurs chances face aux frelons.
Mais, alors que les réparations avancent bien, Trou de Terre voit arriver un groupe de militaires. Ces derniers n’ont pas pris le tunnel et ils se dirigent désormais droit vers le hangar. Le groupe monte à l’étage, ferme le bureau à clé et s’accroupit pour regarder par les fenêtres de la mezzanine (à part l’Amiral qui reste debout).
Les militaires investissent le hangar prudemment, alertés par le bruit du groupe électrogène. Ils commencent également à s’intéresser à l’avion et à poursuivre les réparations. Heureusement, lorsque les soldats arrivent à l’étage, ils ne peuvent pas ouvrir le bureau fermé et n’insistent pas. Mais, c’est trop de tensions pour les hommes présents, qui décident de défendre l’appareil. Sergent fait feu et blesse grièvement l’un des militaires. Ils envoient également des grenades lacrymogènes. Le hangar se remplit d’une fumée épaisse et brûlante. Des coups de feu sont tirés dans tous les sens. Sergent prend une balle, l’Amiral est également salement touché.
Mais la stratégie porte ses fruits et les militaires restants finissent par s’enfuir, laissant au groupe la chance de pouvoir terminer l’appareil. L’Amiral pisse le sang mais il survivra. Les hommes montent dans l’avion, Sergent arrive tant bien que mal à le démarrer et ils prennent leur envol. Si le décollage est bien maîtrisé, l’atterrissage s’annonce plus complexe. En effet, l’autoroute est bien garnie de carcasses d’automobiles et de végétation. Sergent reste confiant et il parvient à poser l’appareil sans trop de dégât.
Pour se rendre à l’usine, il va falloir traverser le territoire de la décharge. Le groupe est rapidement intercepté par les hommes déchets et conduit devant le chef. Malgré les précédentes tensions, et surtout grâce au talent de négociation de l’Amiral qui commence à devenir sérieusement blanchâtre, le chef de la Décharge décide de garder le nain au cœur de la montagne de déchets et d’accorder le passage aux hommes pour qu’ils se rendent dans l’usine. Il a surtout bien compris que si l’avion pouvait balancer des produits chimiques, ça lui éviterait de perdre des hommes à cause des frelons. La Buse, Sergent et Trou de Terre traversent le tunnel et se retrouvent à nouveau dans l’usine. Ils parviennent jusqu’à une palette de produits chimiques quasiment pleine. Avec l’aide des gars de la Décharge, ils récupèrent tous les sacs et les amènent jusqu’à l’avion. Le mélange est prêt, les pulvérisateurs également, le moment fatidique arrive enfin. Sergent se met aux commandes de l’appareil et décolle. Arrivés au-dessus des zones infestées de frelons, il appuie sur le bouton rouge. Aussitôt, un nuage de produits toxiques envahit le ciel, et les frelons s’effondrent au sol. Premier passage, puis second, puis troisième. Au sol, les gars s’activent sans relâche pour remplir au plus vite les réservoirs de l’avion tout en se protégeant des attaques de frelons, heureusement peu nombreuses pour l’instant. Mais lors du quatrième passage, un essaim de frelons fait irruption face au cockpit. Ils sont suffisamment malins pour se tenir hors de portée des pulvérisateurs et ils commencent à pilonner l’appareil.
Certains finissent par briser une partie des vitres et commencent à agiter leurs dards dans la cabine. Heureusement, les hommes sont un peu protégés et, tandis que Sergent essaye de maintenir l’appareil, la Buse tranche à tout va dans les frelons. Mais soudainement, des bestioles presque deux fois plus grosses que les autres débarquent. Il s’agit de prétorien. La bonne nouvelle, c’est que l’insecticide fonctionne bien si ce sont les soldats d’élites qui débarquent. La mauvaise, c’est que les prétoriens parviennent à toucher le poste de commande. Les insectes se faufilent à l’intérieur de l’avion. Malgré les protections, les impacts des dards sont aussi violents que des coups de poignard dans un gilet pare-balles. Les frelons finissent par détruire complètement le panneau de commande et Sergent ne peut retenir l’appareil qui s’écrase dans la forêt.
Après quelques minutes, le groupe s’extrait tant bien que mal de la carcasse fumante de l’appareil. Ils entendent encore le bourdonnement des frelons dans les airs. Au bout de quelques heures de marche, ils parviennent à une clairière. Et au milieu se trouve une maison, mais pas n’importe laquelle. Devant leurs yeux se tient l’homme responsable de tout ce merdier. Le Shaman aux frelons entourés de ses bestioles se tient devant eux. Il s’adresse principalement à Trou de Terre, et il l’invite à la rejoindre, lui et les adaptés dans sa quête. Le type semble complètement fou. Mais le gamin ne se laisse pas prendre au jeu, et en un court instant le groupe parvient à renverser la situation à son avantage. Le Shaman n’a pas le temps d’agir et il finit étendu au sol, le crâne explosé par des coups de grille-pain.
Trou de Terre, ou plutôt Mickaël, décide de retourner vivre avec sa sœur, et les autres adaptés. Sergent et la Buse rejoignent l’Amiral à la Décharge. Désormais, ils consacrent leurs vies à faire des sacrifices pour le Dieu Vague et à entretenir cette gigantesque déchèterie à ciel ouvert. Mais dans un monde comme le nôtre, retrouver autant de stabilité et de civilisation est équivalent à un Eden nauséabond. Cartman réussit à sortir indemne du tunnel, le ver n’ayant pas supporté son odeur corporelle. Il rejoindra Mariatha, la femme de ses transes, qui arrivera au bout de plusieurs années à lui faire porter un pantalon.

