Epilogue

Arton Léhir relit une nouvelle fois le message. Le comte Lérip Tyrsen vient de donner aux Ekela en cadeau de mariage le vaisseau colonie et tout ce qu’il contient. L’épave ayant été trouvée sur les terres qui lui ont été confiées, il en avait parfaitement le droit. Mais ce que la guilde n’avait pas prévu, c’est que les Ekela, trouvant la chose trop énorme, allaient prévenir les Harkonen. Une fois la machine lancée, il ne fallut pas longtemps aux espions de l’empereur pour apprendre la découverte et précipiter l’envoie de Sardokar sur Arrakis.

Désormais, le secret de l’épice de synthèse est hors d’atteinte. Il ne lui reste que la vengeance. Arton salue une dernière fois Akram, le chef de la tribu fremen Tarahb. Il n’a eu qu’à utiliser les mêmes leviers que lorsqu’il a provoqué le massacre des Hokoro. Un mélange de blasphèmes, de pillages de terres sacrées et d’invasion. Le secret de la découverte était mort (pour un temps) avec les Horuko, La honte de la défaite mourra avec les Tyrsen. Alors que le clan Tarahb grimpe au loin sur le dos d’un gigantesque ver des sables qui prend la direction du palais Tyrsen, Arton Léhir quitte Dune pour affronter les conséquences de son échec.

Les contrebandiers gisent par dizaines sur le sable. Les forces combinées des Harkonen et des Sardokars ne leur ont laissé aucune chance. Désormais l’épave des premiers colons fremens est à l’empereur. Selon les informations des Ekela, elle renferme le secret des Sayyadina. A leur arrivée, l’épice était plus rare et ces sorcières avaient appris à en faire un ersatz passable. Mais alors que les guerriers victorieux fouillent l’épave à demi enfouie, un mouvement dans le sable échappe à leur vigilance. Trop tard, des centaines de fremens jaillissent de la poussière entre les pieds même des étrangers et le site se change en un gigantesque champs de bataille. Le peuple d’Arrakis ne laissera pas piller son héritage sans combattre.

Sur le promontoire rocheux qu’il occupe, le danseur visage essuie tranquillement sa lame. A ses pieds repose le corps de la vieille Sayyadina qui s’en revenait de son rituel auprès des cadavres du fief maudit qu’un de ses frères danseurs-visages a nettoyé par le gaz.

Ward Cérit ne s’occupe pas du danseur visage. Sa création fait ce qu’il lui a ordonné. Rien de plus normal. Visiblement la vieille coordonnait une attaque. En contre bas il voit l’épave, les Harkonen, les Sardokars et probablement quelques Ekela. Dans quelques instants, normalement, les fremens devraient massacrer toute cette détestable assemblée. Ils sont certainement cachés sous le sable depuis des jours à boire l’eau de leur distile. La sayyadina ne le verra pas.

Ward Cérit rappelle son danseur visage qui a déjà pris l’apparence de la vieille. En bas dans la vallée, les fremens viennent de passer à l’attaque. Il ne se donne pas la peine de regarder le spectacle. Tout se passe comme prévu. Tiens ! Une explosion nucléaire à l’horizon ! Personne ne serait assez fou pour utiliser une atomique il s’agit forcément d’un accident entre un laser et un bouclier mais qui… Le maître du bene Tleilax stoppe immédiatement ses spéculations. Il ne doit pas se détourner de sa mission. Le danseur visage est déjà parti, il court en contre bas vers le champ de bataille. Quant a lui un vaisseau l’attend à Carthag, il ne doit pas être en retard.

Charval Ornn a juste eu le temps de fuir le massacre. Les Sardokars ont surgi de nulle part, la Guilde l’a abandonné, ses hommes se font massacrer et la découverte qui devait le rendre riche vient de lui être enlevée. Il se demande comment les choses pourraient être pire quand l’impulsion électromagnétique d’une explosion atomique provoque le crash son ornitoptère… Cette fois-ci c’est la fin, le temps de réparer il sera mort de soif. Mais visiblement, Dieu a encore besoin de lui. Alors qu’il est en train de choisir un coin où mourir, il assiste au crash spectaculaire d’une moissonneuse et de son transporteur. Visiblement, ils viennent d’être attaqués par un orni. S’approchant prudemment, Charval Ornn reconnaît Leif Tyrsen et sa sœur Enilia acompagnés d’une jeune noble en robe de mariée. Les deux Tyrsen sortent de leur orni et vont à la rencontre d’un homme et de son escorte qui eux, sortent de la moissonneuse. Ornn croit reconnaître le comte Tyrsen mais il doit avoir fait erreur car Leif et sa sœur le tue lui, et tous ceux qui les accompagnent. Mais cela ne regarde pas le contrebandier qui voit apparaître un nouveau danger : un ver a été attiré par l’accident et engloutit tout dans sa gueule gigantesque. Heureusement, le jeune trio a eu le temps de se mettre à l’abri. Ornn est rassuré. A eux trois, il parviendront sûrement à remettre son appareil en capacité sinon de redécoller, au moins d’envoyer un message.

Au milieu des combats, la vieille Sayyadina qui n’en est pas une se glisse parmi les guerriers. Ceux qui viennent l’affronter en croyant avoir à faire à une grand-mère goûtent avec amertume à la formation martiale des danseurs-visages du Bene Tleilax. Rapidement, il atteint le cœur du vaisseau ensablé. Les bonbonnes implantées dans son corps ne contiennent pas du gaz mais un puissant explosif. Il n’aura pas besoin de son système de combustion spontané pour effacer ses traces. Son maître possède toutes les informations dont il a besoin. Il déclenche son dispositif de mise à feu. Son devoir est accompli.

Raban Harkonen, dans son palais enténébré, finit son repas en s’essuyant la bouche d’un revers de la main. On vient de l’informer que deux familles de Némérade alpha, rivales et peu productives, viennent de sauter dans une explosion atomique lors d’un mariage qui devait les unir et les renforcer et que l’épave trouvée par les Ekela contenant le secret de l’épice de synthèse vient d’être pulvérisée. De plus un réseau de contrebandier a été anéanti sur place. Quelle belle journée ! Il redige négligemment un ordre confiant l’ensemble des fiefs Tyrsen et Luccianno aux Ekela. Ils se tueront à la tâche et ne penseront pas à comploter, surtout qu’il vient de leur concéder un prêt pour mener leur guerre sur leur planète d’origine. Non vraiment ils seront bien occupés. Rappelant le serviteur qu’il avait congédié, il écrit un autre papier. La cargaison d’eau et de poissons des Tyrsen est confisquée. Après tout, il n’y a plus personne pour la réclamer.

Baffen Tag reçoit Charval Ornn est ses trois compagnons avec une froideur toute nouvelle. Après tout, Ornn n’a plus d’organisation, les Harkonen ont fini de nettoyer ce qui restait à Carthag, et les Tyrsen/Luccianno n’ont plus de famille. Et leurs visages bouleversés n’y changent rien. Pourtant, Charval Ornn obtient leur survie : Tag est lié à Leif par un accord commercial. Le rompre serait du plus mauvais effet sur sa réputation. Aussi le contrebandier consent à leur restituer l’eau qu’il a acheminée pour eux, ajoutant à sa part des frais de dossiers particulièrement lourds.

Leif et Soïsa attendent dans le noir. Enilia et Ornn sont partis depuis longtemps et cette cachette poussièreuse ne rend pas l’attente particulièrement confortable. Pourtant les deux messagers tant espérés finissent par les rejoindre accompagnés d’un fremen. Leif le reconnaît. Il était dans sa vision, il était dans la grotte où il se sont réfugiés il y a quelques jours pour échapper au ver. Enilia et Ornn ont obtenu une faveur du seith : Ils seront tous les trois admis dans un clan fremen où ils pourront vivre cachés. En paiement de ce service, les fremens prennent toute leur eau.

Dans son vaisseau, Ward Cérit serre contre son cœur le secret des Sayyadinas. Il faudra des siècles au Bene Tleilax pour en tirer une épice de synthèse mais cela est sans importance.

Du haut de leurs appartements de Carthag, deux révérendes mères observent le départ d’Enilia, Charval Ornn, Leif et Soïsa. Ce sont surtout ces deux derniers personnages qui les intéressent.

  • Enilia nous sera fort utile auprès des fremens. Ce peuple mystérieux n’est facile à approcher.
  • En effet. Mais l’essentiel est que nous avons gardé en réserve les gènes des Tyrsen et ceux des Luccianno.
  • Pensez-vous qu’il se reproduiront bientôt ?
  • Vous êtes amusante ma sœur… Croyez-vous que les distractions soient si nombreuses dans le déserts ?
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