Le monde semble parfois sombrer doucement dans la folie, la peur et la haine. Et à chaque pas que nous faisons, nous nous embourbons un peu plus, jusqu’à disparaître. Dans ces instants, j’essaie de me remémorer les derniers mots de mon mentor : « Comme tous ceux qui vivent des heures si sombres, ce n’est pas à eux de décider. Tout ce que nous devons décider, c’est que faire du temps qui nous est imparti ».
C’était bien ce qu’il nous manquait, le temps, si l’on se fiait aux prémonitions de notre jeune Enilia.
Mais reprenons plus en amont. Au retour de notre visite sur l’une de nos installations minières, nos serviteurs nous apprirent que Seram était porté disparu. De ce qui nous fut rapportés, il aurait été pris dans une embuscade alors qu’il était seul à Carthag. Aucune information complémentaire, aucune demande de rançon n’était parvenue, et l’acte n’avait pas été revendiqué. Dans ses derniers travaux, il semblait qu’il étudiait l’épice et cherchait à booster ses effets. Sa curiosité semblait l’avoir desservi pour une fois…
Lerip nous convoqua dans son bureau, et il paraissait de plus en plus mal en point… La production d’épice était médiocre, et les chiffres imposés par les Ekela toujours plus impressionnant. Bjorn décida de couvrir les plus jeunes concernant « l’incident » ayant poussé Mero à se jeter de l’ornithoptère, et il fut décider de nommer un de nos hommes de confiance, Armano à sa place. Leif décida alors de parler du contrat signé avec les filles Lucciano à son père. Lerip voyait là une bonne occasion de pouvoir se débarrasser d’eux par la suite en les utilisant.
Je pris également connaissance d’informations importantes grâce à mes atouts : sur Némérade, la production se portait parfaitement bien, les chiffres de pêche étaient impressionnants, et la régence était stable. Par ailleurs, Marcello Lucciano avait eu un entretien avec un maitre Bene Tleilax, qui devait également venir nous rencontrer. Et enfin, les Harkonnen avait envoyé un haut représentant de leur famille chez les Ekela, et tout le monde essayait de savoir ce qu’il s’était dit lors de cette réunion.
Leif nous rassembla à ce moment là. La disparition de Seram l’inquiétait au plus haut point, et il souhaitait se rendre sur Carthag pour retrouver sa trace. Par ailleurs, il semblait également qu’Aker n’était plus là, et Bjorn souhaitait reprendre contact avec Ekerson, son garde envoyé en mission d’espionnage.
Arrivé à Carthag, le jour était déjà bien levé. La ville était protégé de nombreux panneaux afin que le soleil ne pénètre pas, et l’ambiance était bien plus sombre qu’au milieu de la nuit. Nous avons commencé par nous rendre à l’hôtel dans lequel Ekerson devait nous retrouver. La gérante nous indiqua que deux hommes étaient effectivement bien logés ici, mais elle ne les avaient pas vu depuis quelques temps. Nous nous rendîmes dans la chambre et le seul indice qui s’offrit à nous furent les lunettes de Bjorn. La tenancière nous dit que les hommes avaient l’intention de se rendre dans un fumoir. Ce n’est pas comme si la ville en comptait des dizaines… Nous nous séparèrent, et je me rendis dans un établissement avec Enilia. Le gérant, Fidel, était un nain plutôt jovial et agréable, qui semblait avoir lui-même monté les murs de son fumoir au regard de la hauteur limité
du plafond. Il nous apprit n’avoir jamais vu Ekerson ou son « compagnon » mais par contre il connaissait bien Aker, qui s’était rendu dans son établissement quelques heures auparavant. Ce dernier, passablement ivre et sous l’emprise de sopho posait beaucoup de questions et parlait beaucoup. Apparemment, il parlait surtout de sa mère et cherchait des informations sur elle.
Nous décidâmes de rester un instant dans l’établissement avec Enilia. Celle-ci observait les autres clients avec instance, et elle se leva soudainement. Une fois à l’extérieur de l’établissement, elle me dit avoir cru voir sa mère se faufiler dans les rues, mais avant que je puisse tourner la tête elle avait déjà disparu. Leif et Bjorn nous retrouvèrent à ce moment là. Toujours dans la recherche d’Aker et Seram, nous sommes allés nous entretenir avec Chomer. Ce dernier nous appris que de nombreux scientifiques avaient disparus ces derniers temps sur Carthag, kidnappés par des contrebandiers. Par ailleurs, il semblait que la Guilde était resté sur Arrakis, ce qui n’était pas vraiment dans leurs habitudes. Après l’avoir quitté, non sans avoir été contraint d’acheter quelques ouvrages inintéressant, nous n’étions pas plus avancé. Bjorn décida de faire cavalier seul dans le but de trouver des Femens et de leur parler. Leif, Enilia et moi partîmes alors à un comptoir de la guilde. La disparation des scientifiques semblait lié à leurs activités, et les travaux de Seram sur l’épice aurait pu les intéresser.
Malheureusement, l’homme de la Guilde n’était qu’un employé. Aucune de nos questions ne trouva réponse. Cependant, en me penchant sur le ratio coût d’un voyage/pêche/production/bénéfice, je me fis la réflexion qu’au regard de notre production de pêche sur Némérade et de la demande sur Arrakis, l’import de poisson pourrait être un investissement très intéressant pour participer à la remise en état de nos installations de forage. Les chiffres ne mentaient pas, et ils étaient plutôt à notre avantage.
Bjorn nous rejoint à la sortie de la Guilde. Il semblait qu’il avait réussi à nouer des contacts avec les locaux. Je ne sais pas si cela allait vraiment nous aider, mais il semblait très heureux, j’ai donc gardé mes réflexions pour moi. Il nous a indiqué qu’il fallait que l’on se rende à la morgue, ce que nous fîmes. La morgue semblait bien remplie à notre arrivée. Arrakis était plus proche d’un abattoir que d’une planète. Une odeur étrange me pris le nez, mais impossible de savoir la définir. Je décidais de la conserver dans un coin de ma mémoire. Le responsable nous amena alors devant la dépouille d’Ekerson et de « gros bâtard » comme l’appelait Bjorn. Les deux hommes avaient reçus une blessure mortelle en plein coup, et il n’avait aucune marque défensive. Celui qui avait fait ça les avaient suffisamment mis en confiance pour pouvoir les tuer aussi rapidement… Enfin, désormais
nous avions un nouveau lieu à visiter, car les corps avaient été trouvés dans un fumoir non loin. Bjorn pris les mesures nécessaires pour le rapatriement du corps d’Ekerson, et conserva également le corps de « gros bâtard » pour l’offrir aux Fremen. Il valait mieux s’en occuper dès maintenant car le trafic d’organes était monnaie courante ici.
A l’arrivée au second fumoir, Fata Lucciano nous attendait, encore plus aimable que d’habitude. Elle nous indiqua qu’une zone rocheuse sécurisée sur leur territoire serait parfaite pour accueillir une de nos plateformes, et comptait sur notre respect de l’arrangement. Leif accepta, et avant de nous quitter, elle nous appris que Bjorn avait été tué par quelqu’un de chez nous. Encore une fois, elle semblait ne pas mentir, et cela ne pouvait que renforcer la paranoïa de Bjorn, qui ne savait plus qui assassiner pour sa vengeance…
Selon les dires du gérant de l’établissement, Ekerson et « gros bâtard » était venu ici rencontrer un homme aux yeux clairs et aux cheveux gris très court, une barbe et des fossettes. Il était bien habillé et était arrivé avec les étrangers de Némérade. Il l’avait déjà vu quelques fois dans son fumoir, et il aurait entendu lors de la conversation quelque chose comme « Tuer le mentat ». Très rassurant…
Par ailleurs, Aker était venu il y a quelques heures dans le fumoir, apparemment toujours aussi ivre et drogué. Mais le gérant ne savait pas où il était parti ensuite. Aker avait simplement dit à qui voulait l’entendre qu’il devait trouver un terminal. Alors que nous nous apprêtions à sortir, Bjorn suggéra que Leif, Enilia et moi même consommions de l’épice. Après tout, à plusieurs reprises, cela nous avait permis d’avoir des prémonitions.
Malheureusement, cette fois-ci, l’épice m’asphyxia à moitié et je tomba dans un coma de courte durée. Aucune vision n’apparut, si ce n’est celle d’un long et douloureux mal de crane… Enilia fut plus chanceuse, et à mon réveil elle me dit que dans sa viosion, Seram était mort dans un entrepôt, accompagné d’Anton Leir. Il fallait retrouver Seram de toute urgence. La vision d’Enilia semblait de plus en précise, et c’était plutôt mauvais signe. A ce moment-là, une visoin d’horreur apparu : Aker, titubant vers nous, couvert de sang.
Bjorn et Leif se précipitèrent pour le soutenir, mais c’était trop tard. Il avait été lacéré de coups de couteau, et les plaies avaient saigner abondamment. Il était blanc, cadavérique, et eu a peine la force de prononcer ces derniers mots : « Leif, tu dois trouver le grand terminal. Tu dois sauver ta mère, moi je n’ai pas pu sauver la mienne ».
Ainsi disparu Aker, fils de Lerip et Cémia…
Nous ne pouvions plus faire demi-tour désormais, il allait falloir rester à Carthag et dénouer les machinations qui s’opéraient autour de nous.

