Depuis la fenêtre de la demeure, je regardais l’horizon. De vastes étendus d’eau, à perte de vue. Némérade Alpha ressemblait plus à un océan qu’à une planète… L’humidité extérieure s’immisçait partout, jusque dans le cœur des hommes. Mais malgré tout, au sein du fief de la Maison Tyrsen, un peu de chaleur régnait encore dans le foyer. Il faut dire que la famille n’était pas à plaindre. Malgré son statut relativement bas par rapport à d’autres, elle jouissait tout de même d’un tiers de la planète (en concurrence directe avec la famille Luccianno) et usait de son savoir dans l’extraction, la machinerie et la pêche pour maintenir son rang. Et ce n’est pas la maison Ekela qui allait se plaindre lorsqu’elle nous prélevait sa dîme.
Mes maîtres, le seigneur Lerip et sa seconde épouse Nera, régissaient leur domaine d’une main de fer, juste et inébranlable. Enilia Tyrsen, la plus jeune des enfants, était désormais en pleine éducation Bene Gesserit, et absente la plupart du temps du domaine. Aker, le premier fils de Lerip, était en charge d’épuiser moralement son père en fuguant régulièrement, et en « profitant de la vie » comme il le disait si bien. Quant à Leif, l’héritier, son destin était déjà tracé : reprendre la gloire de la maison au décès de Lerip. Pour cela, il était entouré de serviteurs fidèles : Bjorn Harkonsen, maître d’arme et garde du corps ; Miter Astacaliste médecin depuis la naissance de l’héritier. Et bien sûr votre serviteur, Vaas Hastasyz, maître espion et mentat.
Perdu dans mes pensées, je ne réalisais pas encore à ce moment-là à quel point cette journée allait être intéressante…

