Écoutez, ô mortels, l’écho des demi-dieux revenus des ténèbres ! Car lorsqu’ils émergèrent du gouffre d’Enfer, ce fut sur la grève glacée d’une plage sans aurore. Le ciel demeurait figé dans une nuit sans fin, et plus nul rayon d’Hélios ne venait dorer l’île de Cherso.
Là les attendait Pheron, le forgeron au cœur d’airain, gardien du feu et des serments. À ses côtés planait Alector, l’oiseau doué de parole, messager des secrets divins. Et parmi les ombres, un enfant les accompagnait — le fils de celle qui leur avait dérobé la mémoire. Car le temps, en Enfer, se plie aux volontés des dieux, et l’enfant était revenu avant l’aube qui ne venait plus.
Tout le peuple de Cherso attendait leur retour : la prêtresse, dans sa folie ou sa clairvoyance, avait clamé que les héros marcheraient de nouveau parmi eux. Pheron les mena à sa forge, leur offrit le pain, la flamme et la parole. Il raconta les maux de l’île : des pêcheurs devenus brigands, des pirates surgissant au crépuscule, et sur les rivages du monde, Mycènes et Athènes dressant déjà leurs armées tandis qu’en Asie grondait la guerre des rois.
Les héros gagnèrent le temple, marchant dans la nuit comme des ombres. Mais Phedron, chef des pêcheurs, les vit. Alors Melias, fils de la lumière, parla d’une voix qui portait plus loin que les flots : « Nous ramènerons le soleil. » Et le peuple, à genoux, crut en lui.
La prêtresse confessa ses fautes : elle avait rompu le dernier lien qui unissait l’archipel à Hélios. Mais un espoir demeurait : sur Thassos, une flamme ancienne brûlait encore, gardée par une prêtresse oubliée.
Guidés par Mythos le charpentier, ils prirent la mer. Les pirates du Soleil Couchant surgirent, avides de sang et d’or. Alors Parménion, l’œil d’Apollon, banda son arc : la première flèche embrasa le navire ennemi, la seconde trouva le cœur du timonier. Et les vagues se teignirent du feu des dieux.
Ainsi ils abordèrent Thassos, l’île des montagnes et des songes. Leur navire fracassé, ils foulèrent la terre du dieu-forgeron. Un lion écarlate se dressa devant eux, colossal, ses yeux comme deux astres mourants. Il réclama un serment, et leur parla d’un arc sacré, forgé par Héphaïstos lui-même, caché sur Lemnos Minor.
Au cœur de l’île, ils trouvèrent un village de femmes, gouverné par Cassandra, dernière oracle de Thassos. Autour d’eux, la Moira tissait les fils du destin. La flamme d’Hélios était morte — seule la forge d’Héphaïstos pouvait ranimer la lumière du monde.
Les femmes leur offrirent un navire neuf. Mais les pirates revinrent, hurlant leur défi. Melias fut blessé, mais tint bon. Pénélope abattit un ennemi d’un trait parfait, et le centaure dans sa colère banda son arc et faucha deux ennemis de façon spectaculaire! Quand le combat s’acheva, la mer portait un coffre : mille pièces d’or, des casques étincelants, et un arc turquoise, vibrant d’une lumière endormie.
Alors les héros mirent le cap sur Lemnos Minor, et sur son rivage de cendres les attendait un gardien d’un autre âge — un automate, forge vivante d’Héphaïstos, tenant dans son silence la clé du renouveau du soleil.
