Le sergent Ulrich Napoléon Von Massillio n’a rien pour être heureux. Il a le SAD sur le dos pour une salle affaire, quelques détournement d’argent et une affaire de trafic de préservatifs l’ont mis dans une situation embarrassante aussi bien au niveau des falks que de la classe politique. Et pour s’en sortir, il a besoin d’argent. De beaucoup d’argent. Pourtant rien ne brille à l’horizon. Pas de perspective d’avenir, pas de vie de famille, et malgré son charme naturel et son allure racée, ce jeune germano-francien (corse préciserait-il) n’attire les regards que des vieilles dames pieuses de son immeuble. Non décidément rien de lumineux ne semble l’attendre. Pourtant ce matin, tous ses amis des mœurs l’envient et le félicitent. Il vient d’être nommé Sergent chef à la tête de neuvième section D (D pour drogue, c’est nul mais on n’a pas trouvé mieux). Le Faltfur Kellermann le reçoit en personne pour lui annoncer sa promotion et l’informe que son équipe fraîchement nommée arrivera sous peu. Un peu dubitatif, le jeune promu emporte son carton, sa nouvelle plaque, et va s’installer au 5ème dans le gigantesque openspace bondé, bruyant et enfumé de la falkhouse.

Dan Rürhe a une vie bien rangé. Il vit dans un petit appartement de banlieue pas trop sale avec sa femme Maggie. Il est koss depuis bientôt quinze ans et poursuit sa carrière médiocre paisiblement. Seulement Le koss Rürhe a un problème. Deux problèmes à vrai dire. Le premier est que son fils unique Allan est brillant. En quoi est-ce un problème ? Eh bien quand on est brillant, on part en Francie étudier la chirurgie du cerveau dans la plus grande école de médecine et de chirurgie d’Europa. Dan n’a pas les moyens mais il est hors de question d’abandonner. Son gamin c’est quelqu’un et il va devenir chirurgien, coûte que coûte. Il faut donc de l’argent à Dan, beaucoup d’argent. Et le second problème me direz-vous ? Et bien il est de taille : Dan Rürhe est un con. D’ailleurs comme un con, il se réveille dans les bras de Jessy, une prostituée dont il s’est entiché. Pourtant il devrait être au boulot non ? Pas de problème, Bénédikt le couvre, ils sont potes depuis 20 ans. Mais Dan sait qu’il y a un bon Dieu pour les cons. D’ailleurs on vient de l’informer qu’il vient d’être promu sergent, directement ! Et dans la toute nouvelle section D ! Visiblement quelqu’un en haut lieu a entendu parler de ses talents et a décidé de bien les utiliser. Il file directement à la falkhouse pour récupérer son insigne… Et le salaire qui va avec.

Bob « Liberty »Turner aime son pays. Au-delà de tout. Son appartement parle pour lui puisque chaque objet, chaque image, chaque son y évoque la grande Amérique du siècle passé. Mais ce matin, il a dû partir tôt. Il avale un café synthétique comme avant chaque discours. En tant que président de la division berlinois des Amis de l’Amérique Ambitieuse (l’AAA), il se doit d’être percutant. Or, il a le charisme d’une huitre tiède et n’arriverait pas à persuader un canard de s’envoler. Pourtant, devant une assemblée de dix-sept expatriés américains, ses frères, il défend de son mieux la lutte contre les états noirs volés aux vrais américains. Il y met toute son énergie. Toutes ses ressources aussi. Puisque la cause lui coûte tout son argent. Et même l’argent qu’il n’a pas. Mais peu importe. Pour la patrie il trouvera de l’argent, beaucoup d’argent. Et Dieu est avec lui comme il est avec tous les protestants qui œuvre à Sa gloire. Samantha, sa gigantesque collègue de la voirie vient lui annoncer qu’il est attendu à la falkhouse. Il vient d’être promu sergent dans la toute nouvelle section D du candidat Koenigs. Elle maquille maladroitement sa jalousie en le traitant de parvenu à politicards et de mange boules, mais l’éclat humide dans ses yeux trahit surtout la douleur de que lui inflige cette séparation. La koss chef Samantha va devoir former un autre p’tit jeune. C’est drôle, elle a toujours cru que cette lavette d’amerloque se ferait dessouder et qu’elle lui dirait au revoir à la morgue. Comme quoi, il ne faut jamais jurer de rien.

Gunther Teug remet une bonne gifle au prévenu. Il ne sait plus pourquoi ils l’ont arrêté ni ce qu’il lui demande mais il aime bien cogner des gars menottés. C’est comme ça. Ca lui permet de se recentrer sur lui-même. De canaliser ses démons, ses traumatismes hérités des camps de prisonniers ursiens, l’horreur de cette guerre sans fin qui est finie mais qui continue, qui ne dit pas son nom. Le sergent Frantz le suit depuis des semaines. Il a fait de Teug son petit protégé. Mais le koss Teug ne sait pas pourquoi. Il sait juste qu’il doit poursuivre son traitement, son précieux et coûteux traitement. Sa bouée. Grâce à lui il peut vivre une vie presque normale, sans crises d’hystérie, sans hallucinations immondes, sans rage meurtrière. Alors Gunther a besoin d’argent, de beaucoup d’argent. Pour être normal. On le surveille, il le sait, peu de gradés veulent porter la responsabilité d’un agent qui peut craquer nerveusement à tout moment. Alors il garde tout ça pour lui. Et pour Frantz. Lui il le comprend. D’ailleurs il pose encore des questions que Teug ne comprend pas, mais ça ne fait rien, Sur un mouvement de tête du sergent il frappe encore. Enfin Frantz l’emmène dans les étages de la Falkhouse, il lui parle du candidat de Fédération Europa, le parti de l’ordre et des vrais allemands, et de son leader, Elmuth Koenigs qui paie de sa poche la création de la section D, pour lutter contre le fléau de la drogue et les narco trafiquants. Un gars sûr qui connaît les vrais problèmes du pays et d’Europa. Teug ne comprend rien à tout ça. Mais Frantz va voir un type en costume avec qui il discute un peu. Et quand il revient, Le koss Teug devient le sergent Teug. Un falk de terrain. Un vrai. Avec une équipe bien à lui. Quand il arrive au cinquième, il découvre son chef avec des cotillons plein la veste et un chapeau pointu en carton sur la tête. Ses amis des Moeurs viennent fêter son succès. Ca fait comme un soleil dans le cœur de Teug. Après tout, c’est aussi son succès que l’on fête.

Soudain une clameur vient couvrir les râles des putes alcoolisées et des citoyens déposant une énième plainte. Elmuth Koenigs vient de faire son entrée sous les acclamations de la falkhouse. Le clan Koenigs, famille de milliardaires, vient de se lancer en politique en la personne du plus jeune et du plus charismatique des frères Koenigs : Elmuth. Le golden boy possède des entreprises de transport, une chaîne de magasin, des industries… Il finance une équipe de Mörderbäll, une pépinière d’entreprises et hôpitaux dans les Marches. Et aujourd’hui il se lance en politique avec le projet d’un armée et d’une police forte, mieux équipées, mieux formées, mieux rémunérées. Il a fait de l’éducation et de la lutte contre la drogue son cheval de bataille. Et pour montrer son implication, il finance sur ses propres deniers la section D. vingt-et-une équipes de falk dédidées à 100% à la lutte contre la drogue. Celui qui était crédité de 3,8% d’intentions de vote il y a trois mois, dépasse aujourd’hui les 19%. Et bien sûr ici, c’est carton plein.

Hans Koenigs est moi connu. Autant Elmuth est brillant et charismatique, autant l’aîné est gauche et pathétique. Pourtant il joue un rôle fondamental : Dans l’ombre, il gère toute la campagne de son petit frère. Le temps de placer hors champ Turner et Teug, jugés peu photogéniques, il envoie les journalistes prendre quelques images du candidat avec Von Massillio et Dan. Proche du peuple, engagé, l’image est bonne. En une seconde, Elmuth passe à autre chose laissant son frère donner un dernier conseil à la section D9 : Pas de vague, pas d’éclat, c’est de la com. On travail comme d’hab’, on se montre, et on rentre. Le message est compris.

Le lieutenant Ludwig « Boomer » Van Schtrapen est le dur du cinquième étage. Il gère tout son monde sans pitié même s’il est de notoriété publique que ce catholique traditionaliste passe ses soirées à donner la soupe populaire ou à organiser des kermesses pour les orphelins du XVIII. Au boulot, il travaille son image de gros dur sans cœur et c’est sur ce thème qu’il envoie la D9 en patrouille.

L’équipe de Von Massillio passe voir Rosita au magasin. Tout en simili cuir léopard, trois tailles en dessous de la demande volumique corporelle, Cette médi hispanique de soixante ans se donne beaucoup de mal pour en paraît cinquante-huit. Pourtant elle équipe bien ses garçons comme elle les appelle.

Une fois armés, direction le patrouilleur pour un premier tour de quartier. Turner voit un étudiant noir avec deux camarades et est certain de trouver de la drogue sur lui. Mauvaise pioche. Non seulement les mecs sont cleans, mais en plus le noir en question était à son meeting de ce matin. C’est un américain élevé dans l’amour du drapeau. Tout se perd. Sous les menaces de Von Massillio, ils finissent par balancer Jan. Mais le dealer est un indic de Teug. Chou blanc.

Heureusement, la voix chaleureuse de Greta les informe qu’il y quelque chose pour eux à trois rues de là. Et c’est pas rien. Un type mort est assis contre un mur, les bras en croix, cloués au mur. Il a le ventre ouvert et, au milieu des boyaux répandus, une centaine de sachets plastiques contenant de la drogue. Visiblement le type les avait avalés avant de mourir.

Teug va faire le tour du voisinage d’un côté de la rue. Von Massillio prend l’autre. Pour Turner et Rürhe c’est plus dur. Le manque d’expérience se fait sentir. En parlant avec la scientifique ils parviennent à faire illusion et apprennent comme une évidence que le type n’est pas mort sur place et qu’on l’a cloué et éventré post mortem. Le docteur Marget Bershtaim leur en apprendra plus à la morgue. Rürhe remarque quand même les tatouages nombreux et les mains meurtries du mort. Comme s’il s’était battu. Thèse que les traces de coups anciennes sur son corps semblent confirmer comme étant une habitude.

Teug tombe sur un ancien collègue. Il apprend ainsi que le quartier est oslav et que le mort semble l’être également. Pour le retraité ce meurtre est un message. La mise en scène ne fait aucun doute. Von Massillio quant à lui fait la rencontre d’une femme qui semble sensible à son charme et qui lui dit avoir vu passer une camionnette blanche avec une sorte de poisson dessiné sur le toit. Elle manœuvre suffisamment bien pour obtenir le numéro du bureau du sergent chef.

Apprenant cette histoire de camionnette, Teug et Rürhe vont voir le bout de la rue. Le mur est lourdement éraflé à l’angle. En tournant vers la droite pour reprendre l’axe principal, le conducteur à massacré son véhicule sur le mur, il devrait être reconnaissable. Rürhe repère même une belle trace de gomme et l’empreinte de pneu qui va avec, visiblement, en démarrant en trombe, le conducteur a légèrement perdu le contrôle.

Teug et Rürhe déposent Von Massillio et Turner à la falkhouse avant de retourner sur le terrain. Entre temps leur client a été déposé à la morgue et une analyse a déjà été entamée. Magret Bershtaim, protestante rigoriste, mère de sept enfants, capable d’enchaîner des journées de 20h avant de se rendre au temple pour recommencer presque aussitôt, est également médecin légiste. Parfaitement froide aux remarques et blagues des deux falks, elle livre ses informations sans ménagement. Velda a identifié la victime, il s’agit de Sergeï Youchenko. Une plainte a été déposée pour violence contre lui il y a huit ans, classée sans suite. Au moment des faits il était débardeur (chargement et transport de marchandises) pour Polska Market. C’est un habitué de la violence. Nombreuse traces de blessures anciennes et plus récentes sur tout le corps, coupures nombreuses sur les doigts. Elle a son adresse. Pour ce qui est de la mort il a été étranglé par une sorte de chaine puis éventré avec un outil très bien aiguisé type couteau. La mort remonte à 12h environ soit environ 10h au moment où on l’a retrouvé cloué dans la ruelle.

De leur côté Teug et Rürhe menacent un réparateur en électronique qui leur apprend seulement que tout le quartier ne parle déjà plus que du mort crucifié et de la camionnette qui a bousillé le mur. Il va en avoir cher pour les réparations !

Alors que Von Massillio et Turner vont quitter la morgue pour aller chez Sergeï Youchenko, Magret leur apprend une dernière chose : Un petit moustachu à casquette avec un accent oslav est venu réclamer le corps et à confirmé l’identité du défunt. Il est arrivé rapidement. Magret a refusé et il est parti sans demander son reste. Il a été filmé mais on le voit mal. Et surtout, une fois que l’homme a pris congés, Magret a lancé une recherche sur ce monsieur : Velda est formelle, il a donné une fausse identité.

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